Silence entre deux images

Il y a eu un moment où je me suis arrêté.

Pas parce que je manquais d’idées, mais parce que le bruit autour de la création était devenu plus fort que la création elle-même.

Entre 2021 et 2025, j’ai très peu écrit. Très peu tourné. La vie a pris une autre forme — différente, nécessaire, déroutante. Je me suis retrouvé à travailler dans des univers proches du cinéma, sans en être vraiment. Le rythme a changé. L’urgence s’est effacée. Le silence, lui, a pris toute la place.

Au début, j’ai résisté. Je me disais que je perdais du temps, que je devais faire plus, que je prenais du retard. Mais le silence a sa propre manière d’enseigner. Il te dépouille de ce qui est accessoire et te renvoie à l’essentiel. Il te rappelle que chaque image n’a pas besoin d’être remplie, que chaque période n’a pas besoin d’être productive.

Il existe une étrange forme de croissance quand on cesse de créer.

L’œil continue d’observer, mais plus calmement. L’esprit continue d’écrire, mais en silence. L’artiste en toi ne meurt pas — il se retire, se reconstruit, attend qu’un nouveau langage apparaisse.

Durant ces années, j’ai réappris à voir. Non pas à travers la caméra, mais à travers l’immobilité. À travers les pauses, les gestes du quotidien, les moments invisibles qui ne figurent pas à l’écran, mais qui façonnent la manière dont on le regarde.

Aujourd’hui, revenir à l’écriture ressemble à un retour vers un rythme oublié. Les mots viennent plus lentement, mais plus profondément. Les idées respirent davantage. Le besoin de produire a laissé place au besoin de donner du sens.

S’il y a bien une chose que le silence m’a apprise, c’est que la créativité n’est pas une ligne droite — c’est un battement. Parfois rapide, parfois au repos. Ce qui compte, c’est de rester relié à lui, même quand il semble lointain.

Alors me voilà à nouveau, entre deux images.

À l’écoute.

En train d’écrire.

Prêt à ouvrir un nouveau chapitre — calmement, mais pleinement éveillé.

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